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Soutenance de thèse Mme Tamar Nadav

Tamar Nadav, doctorante à l' Université de Paris et l'Université de Haifa , soutiendra sa thèse mercredi 8 décembre 2021 à 14h, en visioconférence

le 8 décembre 2021

mercredi 8 décembre 2021  à 14h
En visioconférence.
Nous avons le plaisir de vous annoncer que Tamara Nadav, doctorante à l' Université de Paris et l'Université de Haifa, sous la direction de Mme

Maaike VAN DER LUGT, Professeur des universités au DYPAC, Université de Versailles Saint-Quentin (Paris Saclay),  et de M. Joseph ZIEGLER, Professor, University of Haifa, 

soutiendra sa thèse le mercredi 8 décembre à 14h en  visioconférence

Sa thèse est intitulée "Penser la nature psychosomatique de l'homme dans l'Occident médiéval : Une étude du discours médical sur le lien corps-âme au XIIe siècle"

Cette étude veut faire la lumière sur un des moments clés de la structuration du discours savant sur la relation entre l'âme et le corps dans l’Occident médiéval, à savoir, l’élaboration d’une théorie détaillée et globale de la nature psychosomatique de l'homme dans la médecine du XIIème siècle. Au coeur de la thèse se trouve un groupe de commentaires inédits sur un court traité médical intitulé Isagoge Iohanitii, rédigés par des médecins liés à la ville de Salerne dans le sud de l’Italie. Depuis le milieu du XXème siècle, ces commentaires attirent l'attention des historiens en raison de leur haut niveau théorique et du rôle qu'ils jouèrent dans l’assimilation et la systématisation de la médecine gréco-arabe en Occident. Les médecins prenant part à cette nouvelle tradition médicale commentent l’Isagoge à l'aide d’autres textes médicaux traduits de l’arabe au latin à la fin du XIème siècle. Toutefois, les commentaires salernitains sur Isagoge Iohanitii ne se limitent pas strictement au domaine médical. Ils s’appuient sur un vaste ensemble de traités philosophiques antiques, d’Aristote à Platon en passant par Saint-Augustin et Boèce, et reflètent un intérêt profond pour la philosophie naturelle, la cosmologie et la métaphysique.
La relation entre l’âme et le corps est alors au coeur de cette tradition scolastique en devenir. Les gloses écrites par ces médecins au sujet de la fièvre et des émotions, par exemple, présentent l’âme comme un acteur capable d’influencer la complexion (complexio) du corps, et par conséquent comme la cause possible de certains types de fièvres et des changements physiques qui caractérisent les émotions. La relation entre l’âme et le corps est également au centre des gloses salernitains expliquant la notion galénique de « pouvoirs » (virtutes) : le pouvoir naturel (virtus naturalis), situé dans le foie, le pouvoir spirituel (virtus spiritualis/vitalis), situé dans le coeur, et le pouvoir animal (virtus animalis), situé dans le cerveau. À partir du milieu du XIIème siècle, les commentateurs médicaux de l’Isagoge Iohanitii traitent de ces questions en ayant recours à de nombreuses notions médicales, philosophiques et théologiques. La chaleur, l’air, les esprits, les nerfs et les vaisseaux sanguins,
d’une part, mais également la perception, la raison, la volonté et le péché. Néanmoins, les historiens se sont jusqu’à ce jour peu intéressé au rôle joué par les médecins salernitains dans la construction du discours chrétien sur le rapport entre l’âme et le corps.
Cette étude cherche à combler cette lacune par une étude de cas systématique des gloses salernitaines portant sur le pouvoir spirituel, pouvoir que la médecine galénique considérait comme étant à l’origine du pouls, de la colère, de la peur et de la honte. Elle expose comment, durant la deuxième moitié du XIIème siècle, l'interprétation de la colère comme relevant du pouvoir spirituel s'élargit pour expliquer de façon détaillée et minutieuse une large gamme de phénomènes psychosomatiques ; elle suggère que ces phénomènes étaient devenus un terrain privilégié pour l'exploration des frontières de la médecine et des points de contact entre médecine, philosophie et théologie. Enfin elle examine l'hypothèse selon laquelle les médecins du sud de l’Italie connaissaient les écrits philosophiques et théologiques produits à la même époque dans les écoles du nord de la France. Ainsi, au-delà de la question de la relation corps-âme et de ses expressions diverses au XIIème siècle, cette étude vise à approfondir notre connaissance des mécanismes qui ont forgé l'identité intellectuelle et professionnelle du médecin médiéval. Elle cherche à apporter une meilleure compréhension de la manière dont les savants médiévaux géraient certains conflits entre science et religion. Enfin, elle aspire à restituer un chaînon manquant de l'histoire multilingue et multiculturelle de la science de l'âme au Moyen Âge.

Résumé en anglais 
Informations complémentaires

La soutenance se tiendra en visioconférence le mercredi 8 décembre 2021 à 14h, devant un jury composé de :

Laurence MOULINIER-BROGI, Professeur des universités, Université de Lyon 2, Rapporteur

Naama COHEN-HANEGBI, Senior Lecturer, Tel Aviv University, Rapporteur

Aurélien ROBERT, Directeur de recherche, CNRS, Examinateur

Jonathan RUBIN, Senior Lecturer, Bar-Ilan University, Examinateur

Maaike VAN DER LUGT, Professeur des universités, Université de Versailles Saint-Quentin (Paris Saclay), Directrice de thèse

Joseph ZIEGLER, Professor, University of Haifa, Directeur de thèse