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Séminaire nomade de la Graduate School Humanités - Sciences du patrimoine : Le fragment comme trace d’un ensemble perdu
Organisé par Maaike van der Lugt (UVSQ, DYPAC) et Loïc Bertrand (PPSM, CNRS / ENS Paris-Saclay).
le 11 octobre 2022
Mardi 11 octobre 2022
UVSQ
47 Bd Vauban
78280 Guyancourt
Salle Mezzanine (Bât. Vauban A)
47 Bd Vauban
78280 Guyancourt
Salle Mezzanine (Bât. Vauban A)
Le fragment comme trace d'un ensemble perdu
Morceau de quelque chose brisé, corrodé ou déchiré ; ou petit élément d’un ensemble, le fragment – et sa relation avec le tout dont il constitue une trace – est au cœur des pratiques et des efforts humains pour analyser et reconstituer le passé.
Que ce soit en archéologie, en paléontologie, en histoire de l’art, ou en philologie, en littérature ou en écriture biographique, le fragment pose des défis méthodologiques difficilement dépassables. Comment reconstituer un ensemble perdu à partir des fragments conservés ? Comment recomposer des vies disparues et mettre en récit des fragments épars et en apparence peu signifiants ? Comment faire parler des fragments archéologiques ou des morceaux d'œuvres – souvent minimes, altérés et décontextualisés – à partir de leur matérialité ? Et comment estimer les pertes sur la base des fragments conservés ?
La valeur paradoxale du fragment – simple débris du passé ou précieux reste d’intérêt historique, scientifique ou mémoriel – est indexée à sa rareté et à l’existence ou l’absence d’autres sources ou d’autres voies d’accès au passé. Se pose ainsi aussi la question des modalités de la mise en valeur et de la médiation de la démarche scientifique partant de fragments d’objets dont l’intérêt n’est pas toujours immédiatement évident pour le public par rapport à des objets mieux conservés.
Dans ce séminaire pluridisciplinaire, des chercheurs et des professionnels de différents horizons -– histoire, histoire de l’art, littérature, chimie, design, scénographie, paléontologie – apporteront un éclairage sur le statut du fragment dans leurs pratiques.
9h30 – 10h00
Accueil - Propos introductifs et enjeux du séminaire
• 10h00 - 10h30 : Ilan Lew (Université de Genève)
L’objet comme catalyseur de souvenirs, au croisement de la mémoire familiale et de la Shoah
Résumé : Ilan LEW est enseignant d'allemand et chercheur associé en sociologie à l'Université de Genève et au CADIS/EHESS. Il exposera un certain nombre de motifs et d'enjeux relatifs à sa longue enquête sur la mémoire familiale de la Shoah. (Co-auteur : Michel Borzykowski, Préface de Boris Cyrulnik) Objets transmissionnels - Liens Familiaux à la Shoah, Slatkine, 2019.
• 10h30 - 11h : Aurélie Barjonet (CHCSC, UVSQ Paris-Saclay)
Les écrivains « petits-enfants de la Shoah » et le fragment
Résumé : Aurélie Barjonet est MCF-HDR en littérature comparée à l’UVSQ Paris-Saclay et membre du laboratoire CHCSC. Partant de l'ouvrage qu'elle a publié en 2022 sur les écrivains issus de la troisième génération (L'Ère des non-témoins. La littérature des petits-enfants de la Shoah, Kimé), Aurélie Barjonet montrera comment les écrivains-descendants de victimes de la Shoah confrontés à une mémoire fragmentaire reconstituent l'histoire de leur famille.
• 11h00 - 11h15 : Pause-café
• 11h15 - 12h00 : Discussion sur la session 1
• 12h00 - 12h30 : François Gilles (doctorant au laboratoire DYPAC, UVSQ Paris-Saclay)
Des fragments de décor comme archive, méthode et limite de lecture
Résumé : François Gilles est doctorant en histoire des arts à l’UVSQ Paris-Saclay et membre du laboratoire DYPAC.
Roland Recht soulignait en parlant des fragments qu’en « [les] touchant, nous touchons du passé ». C’est là toute la problématique de l’histoire de l’art depuis sa naissance en tant que discipline : il y avait une masse considérable de fragments (l’art antique) et Winckelmann fit « un corps de cet amas de débris », selon la formule de Quatremère de Quincy. Dans certains domaines, notamment en ce qui concerne les décors sculptés, les historiens en sont encore au même point : des fragments surgissent, sans histoire, sans antécédents – hors de toute mémoire. Ou plutôt, le fragment est à lui seul sa propre mémoire : il a sa matérialité pour toute archive.
Alors qu’il n’y a rien de textuel, il faut parvenir à lire ces fragments, à l’instar d’archives. La présente communication se propose donc de s’arrêter sur cette difficulté et de définir des éléments de méthodologie pour mener une telle lecture. Ainsi que le rappelle Meyer Schapiro, il faudra voir dans quelle mesure le fragment doit prendre « la qualité de l’ouvrage dans son ensemble », même si, par définition, il ne peut y prétendre totalement. Ces limites et méthodes seront explorées à travers l’exemple de plusieurs fragments de décors sculptés de l’Ancien Régime extraits de la collection du musée des Arts Décoratifs.
• 12h30 - 12h45 : Questions et échanges
• 12h45 - 14h00 : Repas libre, possibilité de restauration sur place
• 14h00 - 14h45 : Marion Dubois (étudiante à l’École nationale supérieure de création industrielle – Les Ateliers) et Clémence Iacconi (doctorante au laboratoire PPSM, CNRS/ENS Paris-Saclay)
Fragments de textiles minéralisés - dialogue inattendu entre scientifiques et designers
Résumé : Les vestiges textiles sont des témoins extrêmement précieux des cultures anciennes, mais ils sont périssables dans la plupart des environnements sédimentaires. Dans ces contextes archéologiques, de petits fragments sont parfois exceptionnellement retrouvés, notamment sous une forme dite « minéralisée », fossilisés au contact d’objets métalliques corrodés à base de cuivre ou de fer. Les restes textiles sont étudiés à l’aide de modes d’imagerie avancées afin de mieux comprendre les mécanismes chimiques à l’origine de leur préservation et de déchiffrer les informations qu’ils apportent sur les pratiques passées. Cette présentation portera sur l'exposition réalisée entre le PPSM (CNRS ENS Paris-Saclay), l’ENSCI – Les Ateliers et le DesignSpot de l’Université Paris-Saclay : "Textiles archéologiques et Design : un dialogue inattendu"', présentée à l'ENS Paris-Saclay du 12 au 30 septembre 2022, puis itinérante. Ce travail a abouti à de nouvelles voies d’exploration de ces objets et à de nouveaux dispositifs de médiation : comment se développe le travail interdisciplinaire ? comment (se) représente-t-on ce que l’on ne connaît que partiellement ? comment présenter au public des musées un travail portant sur des textiles certes
fragmentaires et altérée, mais si riches en information archéologique ?
• 14h45 - 15h30 : Discussion sur la session 2
• 15h30 -15h45 : Pause-café
• 15h45 - 16h15 : Emmanuel Fara (Université de Dijon, BioGeoSciences)
Le fragment en paléontologie, témoin de l'histoire de la Terre et de l'évolution du vivant
Résumé : Le fragment fossile est au cœur de la démarche paléontologique. Rarement étudié pour lui-même,
il est le point de départ d'une série d'inférences permettant de caractériser la continuité du temps, de l'espace
et de l'arbre du vivant. De l'instant aux millions d'années, de l'isotope aux écosystèmes, du caractère à l'arbre
du vivant, le fragment paléontologique documente des processus multi-échelles qui ont structuré notre
planète et le monde vivant.
• 16h15 -17h00 : Discussion sur la session 3
• 17h00 : Conclusion
Cliquer ici pour télécharger le programme du séminaire en PDF
Morceau de quelque chose brisé, corrodé ou déchiré ; ou petit élément d’un ensemble, le fragment – et sa relation avec le tout dont il constitue une trace – est au cœur des pratiques et des efforts humains pour analyser et reconstituer le passé.
Que ce soit en archéologie, en paléontologie, en histoire de l’art, ou en philologie, en littérature ou en écriture biographique, le fragment pose des défis méthodologiques difficilement dépassables. Comment reconstituer un ensemble perdu à partir des fragments conservés ? Comment recomposer des vies disparues et mettre en récit des fragments épars et en apparence peu signifiants ? Comment faire parler des fragments archéologiques ou des morceaux d'œuvres – souvent minimes, altérés et décontextualisés – à partir de leur matérialité ? Et comment estimer les pertes sur la base des fragments conservés ?
La valeur paradoxale du fragment – simple débris du passé ou précieux reste d’intérêt historique, scientifique ou mémoriel – est indexée à sa rareté et à l’existence ou l’absence d’autres sources ou d’autres voies d’accès au passé. Se pose ainsi aussi la question des modalités de la mise en valeur et de la médiation de la démarche scientifique partant de fragments d’objets dont l’intérêt n’est pas toujours immédiatement évident pour le public par rapport à des objets mieux conservés.
Dans ce séminaire pluridisciplinaire, des chercheurs et des professionnels de différents horizons -– histoire, histoire de l’art, littérature, chimie, design, scénographie, paléontologie – apporteront un éclairage sur le statut du fragment dans leurs pratiques.
PROGRAMME
9h30 – 10h00
Accueil - Propos introductifs et enjeux du séminaire
- Session 1
• 10h00 - 10h30 : Ilan Lew (Université de Genève)
L’objet comme catalyseur de souvenirs, au croisement de la mémoire familiale et de la Shoah
Résumé : Ilan LEW est enseignant d'allemand et chercheur associé en sociologie à l'Université de Genève et au CADIS/EHESS. Il exposera un certain nombre de motifs et d'enjeux relatifs à sa longue enquête sur la mémoire familiale de la Shoah. (Co-auteur : Michel Borzykowski, Préface de Boris Cyrulnik) Objets transmissionnels - Liens Familiaux à la Shoah, Slatkine, 2019.
• 10h30 - 11h : Aurélie Barjonet (CHCSC, UVSQ Paris-Saclay)
Les écrivains « petits-enfants de la Shoah » et le fragment
Résumé : Aurélie Barjonet est MCF-HDR en littérature comparée à l’UVSQ Paris-Saclay et membre du laboratoire CHCSC. Partant de l'ouvrage qu'elle a publié en 2022 sur les écrivains issus de la troisième génération (L'Ère des non-témoins. La littérature des petits-enfants de la Shoah, Kimé), Aurélie Barjonet montrera comment les écrivains-descendants de victimes de la Shoah confrontés à une mémoire fragmentaire reconstituent l'histoire de leur famille.
• 11h00 - 11h15 : Pause-café
• 11h15 - 12h00 : Discussion sur la session 1
- Session 2
• 12h00 - 12h30 : François Gilles (doctorant au laboratoire DYPAC, UVSQ Paris-Saclay)
Des fragments de décor comme archive, méthode et limite de lecture
Résumé : François Gilles est doctorant en histoire des arts à l’UVSQ Paris-Saclay et membre du laboratoire DYPAC.
Roland Recht soulignait en parlant des fragments qu’en « [les] touchant, nous touchons du passé ». C’est là toute la problématique de l’histoire de l’art depuis sa naissance en tant que discipline : il y avait une masse considérable de fragments (l’art antique) et Winckelmann fit « un corps de cet amas de débris », selon la formule de Quatremère de Quincy. Dans certains domaines, notamment en ce qui concerne les décors sculptés, les historiens en sont encore au même point : des fragments surgissent, sans histoire, sans antécédents – hors de toute mémoire. Ou plutôt, le fragment est à lui seul sa propre mémoire : il a sa matérialité pour toute archive.
Alors qu’il n’y a rien de textuel, il faut parvenir à lire ces fragments, à l’instar d’archives. La présente communication se propose donc de s’arrêter sur cette difficulté et de définir des éléments de méthodologie pour mener une telle lecture. Ainsi que le rappelle Meyer Schapiro, il faudra voir dans quelle mesure le fragment doit prendre « la qualité de l’ouvrage dans son ensemble », même si, par définition, il ne peut y prétendre totalement. Ces limites et méthodes seront explorées à travers l’exemple de plusieurs fragments de décors sculptés de l’Ancien Régime extraits de la collection du musée des Arts Décoratifs.
• 12h30 - 12h45 : Questions et échanges
• 12h45 - 14h00 : Repas libre, possibilité de restauration sur place
• 14h00 - 14h45 : Marion Dubois (étudiante à l’École nationale supérieure de création industrielle – Les Ateliers) et Clémence Iacconi (doctorante au laboratoire PPSM, CNRS/ENS Paris-Saclay)
Fragments de textiles minéralisés - dialogue inattendu entre scientifiques et designers
Résumé : Les vestiges textiles sont des témoins extrêmement précieux des cultures anciennes, mais ils sont périssables dans la plupart des environnements sédimentaires. Dans ces contextes archéologiques, de petits fragments sont parfois exceptionnellement retrouvés, notamment sous une forme dite « minéralisée », fossilisés au contact d’objets métalliques corrodés à base de cuivre ou de fer. Les restes textiles sont étudiés à l’aide de modes d’imagerie avancées afin de mieux comprendre les mécanismes chimiques à l’origine de leur préservation et de déchiffrer les informations qu’ils apportent sur les pratiques passées. Cette présentation portera sur l'exposition réalisée entre le PPSM (CNRS ENS Paris-Saclay), l’ENSCI – Les Ateliers et le DesignSpot de l’Université Paris-Saclay : "Textiles archéologiques et Design : un dialogue inattendu"', présentée à l'ENS Paris-Saclay du 12 au 30 septembre 2022, puis itinérante. Ce travail a abouti à de nouvelles voies d’exploration de ces objets et à de nouveaux dispositifs de médiation : comment se développe le travail interdisciplinaire ? comment (se) représente-t-on ce que l’on ne connaît que partiellement ? comment présenter au public des musées un travail portant sur des textiles certes
fragmentaires et altérée, mais si riches en information archéologique ?
• 14h45 - 15h30 : Discussion sur la session 2
• 15h30 -15h45 : Pause-café
- Session 3
• 15h45 - 16h15 : Emmanuel Fara (Université de Dijon, BioGeoSciences)
Le fragment en paléontologie, témoin de l'histoire de la Terre et de l'évolution du vivant
Résumé : Le fragment fossile est au cœur de la démarche paléontologique. Rarement étudié pour lui-même,
il est le point de départ d'une série d'inférences permettant de caractériser la continuité du temps, de l'espace
et de l'arbre du vivant. De l'instant aux millions d'années, de l'isotope aux écosystèmes, du caractère à l'arbre
du vivant, le fragment paléontologique documente des processus multi-échelles qui ont structuré notre
planète et le monde vivant.
• 16h15 -17h00 : Discussion sur la session 3
• 17h00 : Conclusion
Cliquer ici pour télécharger le programme du séminaire en PDF
Informations complémentaires
Co-organisation : PPSM, CNRS (ENS Paris-Saclay), DYPAC (UVSQ)
Contact :
Pour l’équipe scientifique : Marie Cornu - marie.cornu@cnrs.fr
Inscription obligatoire : Cliquez-ici
Contact :
Pour l’équipe scientifique : Marie Cornu - marie.cornu@cnrs.fr
Inscription obligatoire : Cliquez-ici