Aller au contenu

| | |

Vous êtes ici : DYPACFRThèmes et projets de rechercheProjets

ANR MMSC Saintes Chapelles

Musique et musiciens dans les Saintes-Chapelles XIIIe - XVIIIe s.

ANR MMSC Ce projet, qui réunit une équipe de musicologues, historiens, historiens de l’art, archéologues et ingénieurs propose une relecture globale du phénomène des Saintes-Chapelles à la lumière de la réalité sonore et musicale des célébrations qui s’y déroulaient quotidiennement, autour de leur expression temporelle la plus sensible : le chant, monodique et polyphonique. Par cette entrée musicale, il invite en réalité à pénétrer à l’intérieur de ces édifices qui ont surtout été étudiés pour leurs aspects architecturaux ou leur symbolique politico-religieuse. Donner ainsi accès à ce patrimoine artistique est d’autant plus fascinant qu’un de ses principes distinctifs était de demeurer inaccessible, réservé à ses seuls fondateurs royaux ou princiers.

Sur le modèle de la Sainte-Chapelle du Palais royal fondée par saint Louis en 1248, une vingtaine de Saintes-Chapelles (dont plus de la moitié toujours visibles) furent fondées entre les XIVe et XVIe siècles. Ces églises figurent parmi les plus célèbres créations de l’art gothique et du patrimoine monumental français, mais on sait moins que ces institutions, fondées par les rois de France ou leurs parents pour abriter leurs plus précieuses reliques, furent aussi le lieu d’une vie musicale intense. Dans la mesure de leurs moyens, les collèges d’ecclésiastiques chargés de gérer ces fondations directement liées aux plus puissants princes de leur temps veillaient à s’assurer les services des chanteurs de talent, afin que la célébration des offices religieux en musique soit digne de leurs fondateurs et de leurs reliques, à l’image de la beauté visuelle des lieux. Des investigations préliminaires ont permis de confirmer que cette activité musicale était non seulement une réalité dans les Saintes-Chapelles les plus importantes (Paris, Dijon, Bourges, Chambéry), mais que les institutions plus modestes (comme Châteaudun, Thouars, Aigueperse ou Riom) y accordaient aussi une réelle attention. Si, dans la conception chrétienne du monde, le terme de Création était censé n’appartenir qu’à Dieu, ces fondations relèvent bien d’une forme d’« œuvre d’art total » dont la beauté est le reflet de l’harmonie céleste.

La première spécificité de ce projet est de combiner dans un cadre interdisciplinaire l’étude globalisante des sources institutionnelles (administration du chapitre, du personnel musical et des services religieux), liturgiques (calendrier, type et solennité des services, textes et mélodies des chants) et musicales (identification des répertoires musicaux chantés lors de ces célébrations), en intégrant à la fois les apports de l’histoire de l’art en matière d’organisation de l’espace intérieur des édifices, et les possibilités des techniques de représentation virtuelle (visuelle et sonore) les plus innovantes. S’il couvre la longue durée des époques médiévales et modernes, de saint Louis à la Révolution, il est clairement centré sur l’âge d’or de l’art polyphonique a cappella, les XVe et XVIe siècles au cours desquels les plus ambitieuses créations musicales avaient pour cadre les chœurs des institutions religieuses et pour auteurs des chantres et maîtres de musique qui y étaient employés. Enfin, par sa chronologie large, ce projet inclut une redéfinition assouplie de la définition habituelle des Saintes-Chapelles.
Ce projet propose : 1. la réalisation d’un site internet nourri par des bases de données prosopographique, bibliographique, documentaire et iconographique, qui donnera accès à des éditions et facsimilés de documents, aux sources liturgiques et musicales les plus importantes, et à la modélisation de la Sainte-Chapelle de Dijon (détruite en 1802), avec reconstitution virtuelle et bande sonore spatialisée d’une sélection de célébrations en musique que la documentation permet de connaître avec une précision exceptionnelle ; 2. l’organisation de journées d’études et de conférences ; 3. la réalisation finale d’un riche volume de synthèse à l’iconographie soignée.

Ce projet a obtenu le soutien de l'ANR dans le cadre de l'appel à projet La création : processus, acteurs, objets, contextes (Création) 2010.